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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Pendant plus sombre, plus terrible ! Leipzig n’était que la blessure, Waterloo fut la mort ; l’île d’Elbe n’était que l’exil, Sainte-Hélène fut le tombeau !

On eût dit que cet homme emportait tout avec lui. Nous consultons de nouveau le répertoire du Théâtre-Français, et nous ne voyons aucune pièce importante pendant l’année 1815. Les lis reparurent, et les pauvres violettes furent exilées ; — avec les violettes, Georges s’exila.

Elle partit pour la province, et y resta plusieurs années ; elle reparut en 1823, plus belle qu’elle n’avait jamais été.

Elle avait trente-huit ans.

Je cherchais une occasion de passer en revue les hommes et les œuvres littéraires de l’Empire, dont je n’avais guère pu parler, à cause de l’âge que j’avais quand florissaient ces hommes, quand ces œuvres étaient jouées.

En effet, le jour où débutait Georges, les deux hommes qui devaient lui faire, l’un Christine, Bérengère et Marguerite de Bourgogne, l’autre Marie Tudor et Lucrèce Borgia, vagissaient encore au sein de leur mère.

Ces cinq rôles, à tout prendre, et quoi qu’on en ait dit, devaient être les plus beaux succès de Georges.

En attendant, le 12 avril 1823, la grande actrice jouait le Comte Julien, à l’Odéon.

LXXXIX

L’inconvénient d’un grand artiste dans un théâtre. — Lafond prend le rôle de Pierre de Portugal, au refus de Talma. — Lafond. — Son école. — Ses mots. — Mademoiselle Duchesnois. — Ses défauts et ses qualités. — Pierre de Portugal réussit.

Le grand jour de la représentation de Pierre de Portugal était, enfin, arrivé.

Talma, préoccupé de sa création de Danville dans l’École des Vieillards, avait refusé le rôle de Pierre de Portugal. Lafond