Je regardai Porcher : c’était la seconde fois qu’il prononçait ce nom à propos duquel Rousseau m’avait fait une si instante recommandation.
— Pourquoi faire, connaître Mélesville ? hasardai-je timidement.
— Mais pour travailler avec lui, donc ! Si vous travailliez avec Mélesville, vous seriez lancé.
Je regardai Porcher.
— Écoutez, monsieur, lui dis-je, je serais désespéré que ce que je vais vous dire pût vous déplaire.
— Oh ! oh ! me répliqua Porcher, est-ce que ce que vous avez à me dire serait du mal de M. Mélesville ?
— Non, monsieur, Dieu m’en garde ! Je n’ai vu M. Mélesville qu’une fois ou deux, je crois, du moins : un homme de trente-cinq ans, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Brun, mince ?
— Oui.
— Souriant toujours ?
— Oui.
— Des dents magnifiques ?
— C’est cela.
— Eh bien, M. Mélesville est un homme d’infiniment d’esprit.
— Je crois bien !
— Mais j’ai une prétention.
— Laquelle ?
— C’est, d’ici à un an ou deux, d’arriver seul.
— Où cela ?
— Au Théâtre-Français.
— Ah ! ah !… mauvaise affaire !
— Le Théâtre-Français ?
— Oui.
— Pour qui ?
— Pour moi.
— Comment, pour vous ?
— Oui ; vous ne vous doutez pas des difficultés qu’ils font