Maintenant, parlons du cigare.
Autrefois, après le déjeuner, les hommes et les femmes passaient à la salle de billard ou au jardin ; après le dîner, les hommes et les femmes passaient au salon ; là, la conversation continuait sur le même ton, soit qu’elle s’isolât, soit qu’elle se généralisât.
Aujourd’hui, à peine hors de table, les hommes se demandent les uns aux autres : « Viens-tu fumer un cigare ? »
On descend, on se promène sur le trottoir, et l’on fume.
Là encore, on rencontre des femmes ; mais elles n’ont pas tout à fait le même esprit que celles qu’on vient de quitter dans le salon.
On met son esprit au niveau de celui de ces dames ; il ne faut pas faire rougir la plus belle moitié du genre humain.
Cela se renouvelle tous les jours. On ne rencontre pas tous les jours les mêmes personnes sur le trottoir ; mais les personnes ont beau changer, la conversation est toujours à peu près la même.
Sans qu’on s’en aperçoive, l’esprit se vulgarise.
Joignez à cela l’influence du narcotique que contient le tabac, et préjugez ce que sera la société dans un demi-siècle, si le goût du cigare va toujours croissant.
Nous aurons juste autant d’esprit en France en 1950, qu’il y en a aujourd’hui en Hollande.
Vous voyez que nous voilà bien loin de Rousseau et de Romieu.
Au reste, ce n’est qu’à Rousseau que nous avons affaire.
Revenons donc à Rousseau.