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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Monsieur disait donc qu’il désirait ?…

— Une chandelle des huit.

— Une seule ?

— Oui, d’abord ; après, je verrai.

L’épicier tire une chandelle d’un paquet.

— Voici, monsieur.

— Voulez-vous me la couper en deux ? Je déteste toucher à la chandelle !

— Vous avez raison, cela sent fort mauvais. Voici votre chandelle en deux morceaux.

— Ah ! maintenant, seriez-vous assez bon pour couper chacun de ces morceaux-là en quatre ?

— En quatre ?

— Oui ; pour ce que je veux faire, j’ai besoin de huit morceaux de chandelle.

— Voici vos huit morceaux, monsieur.

— Pardon, auriez-vous l’obligeance de me les émécher ?

— Tous les huit ?

— Tous les sept. Il y en a un qui tout naturellement a sa mèche.

— C’est vrai.

— C’est cela… La, la, très-bien… la, merci. Maintenant, attendez… mettez-les sur le comptoir à trois pouces de distance les uns des autres… Ah !…

— Mais que diable voulez-vous donc faire ?

— Vous allez voir… Maintenant, pousseriez-vous la complaisance jusqu’à me prêter une allumette chimique ?

— Certainement… tenez.

— Merci.

Et Romieu allume gravement les huit bouts de chandelle.

— Mais, monsieur, que faites-vous donc ?

— Je fais une farce.

— Comment, vous faites une farce ?

— Oui.

— Et maintenant ?

— Et maintenant que la farce est faite, je m’en vais.

Romieu salue l’épicier et sort.