— Monsieur disait donc qu’il désirait ?…
— Une chandelle des huit.
— Une seule ?
— Oui, d’abord ; après, je verrai.
L’épicier tire une chandelle d’un paquet.
— Voici, monsieur.
— Voulez-vous me la couper en deux ? Je déteste toucher à la chandelle !
— Vous avez raison, cela sent fort mauvais. Voici votre chandelle en deux morceaux.
— Ah ! maintenant, seriez-vous assez bon pour couper chacun de ces morceaux-là en quatre ?
— En quatre ?
— Oui ; pour ce que je veux faire, j’ai besoin de huit morceaux de chandelle.
— Voici vos huit morceaux, monsieur.
— Pardon, auriez-vous l’obligeance de me les émécher ?
— Tous les huit ?
— Tous les sept. Il y en a un qui tout naturellement a sa mèche.
— C’est vrai.
— C’est cela… La, la, très-bien… la, merci. Maintenant, attendez… mettez-les sur le comptoir à trois pouces de distance les uns des autres… Ah !…
— Mais que diable voulez-vous donc faire ?
— Vous allez voir… Maintenant, pousseriez-vous la complaisance jusqu’à me prêter une allumette chimique ?
— Certainement… tenez.
— Merci.
Et Romieu allume gravement les huit bouts de chandelle.
— Mais, monsieur, que faites-vous donc ?
— Je fais une farce.
— Comment, vous faites une farce ?
— Oui.
— Et maintenant ?
— Et maintenant que la farce est faite, je m’en vais.
Romieu salue l’épicier et sort.