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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

cion du grand-duc Constantin à l’empire de toutes tes Russies. La renonciation était conçue en ces termes :

« Sire,

» Enhardi par les preuves multipliées de la bienveillance de Sa Majesté impériale envers moi, j’ose la réclamer encore une fois, et mettre à ses pieds mes humbles prières. Ne me croyant ni l’esprit, ni les capacités, ni la force nécessaires, si jamais j’étais revêtu de la haute dignité à laquelle je suis appelé par ma naissance, je supplie instamment Sa Majesté impériale de transférer ce droit à celui qui me suit immédiatement, et d’établir à jamais la stabilité de l’empire. Quant à ce qui me concerne, je donnerai, par cette renonciation, une nouvelle garantie et une nouvelle force à ce que j’ai solennellement consenti à l’époque de mon divorce avec ma première femme. Toutes les circonstances présentes me déterminent de plus en plus à prendre une mesure qui prouvera à l’empire et au monde entier la sincérité de mes sentiments.

» Puisse Votre Majesté impériale accueillir mes vœux avec bonté ! Puisse-t-elle déterminer notre auguste mère à les accueillir elle-même, et à les sanctionner par son consentement impérial !

» Dans le cercle de la vie privée, je m’efforcerai toujours de servir de modèle à vos fidèles sujets et à tous ceux qu’anime l’amour de notre chère patrie.

» Je suis avec le plus profond respect,
» Constantin »

À cette lettre, l’empereur avait fait la réponse suivante :

« Très-cher frère,

» Je viens de lire votre lettre avec toute l’attention qu’elle mérite ; je n’y ai rien trouvé qui m’ait pu surprendre, ayant toujours su apprécier les sentiments élevés de votre cœur ; elle m’a fourni une nouvelle preuve de votre sincère attachement à l’État, et de vos soins prévoyants pour la conservation