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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

L’une se rapporte à la nomination d’Hugo comme officier de la Légion d’honneur ; l’autre, à la propre nomination de M. Viennet à la pairie.

Car M. Viennet fut député et pair de France ; car M. Viennet est encore commandeur de la Légion d’honneur et académicien.

Voici la première lettre de M. Viennet.

« Monsieur,

» Je n’ai pas dit que je ne voulais plus porter là croix d’officier de la Légion d’honneur ; depuis qu’on l’avait donnéé au chef de l’école romantique.

» En ôtant mon ruban de la boutonnière ou l’empereur l’avait placé, j’ai suivi seulement l’exemple de la plupart des généraux de la vielle armée, qui trouvaient plus facile de se faire remarquer en paraissant dans les rues sans décoration. Il ne s’agissait ici ni de romantiques ni de classiques.

» Il est tout naturel qu’un ministre romantique décore ses amis ; il serait cependant plus juste de donner la croix de chevalier à ceux qui auraient eu le courage de lire jusqu’au bout les vers ou la prose de ces messieurs, et la croix d’officier à ceux qui les auraient compris. Je désire, en outre, qu’on n’en donne que douze par an aux écrivains qui font des libelles contre les grands pouvoirs de l’État, les ministres et les députés : il faut de la mesure dans les encouragements.

» Agréez, etc.
» Viennet. »

Voici maintenant la lettre de M. Viennet, à propos de sa nomination comme pair de France.

« Monsieur,

» Sur la foi d’un journal judiciaire que je ne connais pas, vous publiez, que, dès vendredi dernier, je me suis empressé d’écrire à M. Védel, pour mettre opposition à la représentation des Serments, et vous accompagnez cette annonce d’une