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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Sur les quatre personnes qu’elle contenait, deux furent grièvement blessées.

Ce furent MM. le duc de Damas et le comte Curial.

Le comte Curial surtout : il eut la clavicule brisée.

Le roi lui-même n’échappa à un accident pareil que par la force et la présence d’esprit de son cocher. Ses chevaux s’emportèrent ; mais le cocher eut la présence d’esprit de ne point essayer de les arrêter, et la force de les maintenir sur le milieu du pavé.

Au bout de dix minutes d’une course effrénée, ils se calmèrent d’eux-mêmes.

Puis, arrivé au village de Tinqueux, le roi trouva le duc d’Orléans et le duc de Bourbon qui l’attendaient. La pluie, qui n’avait pas discontinué de tomber depuis le matin, cessa ; le soleil, qui n’avait point paru encore, se montra radieux. Le roi monta dans la voiture du sacre avec M. le dauphin, M. le duc d’Orléans et M. le duc de Bourbon ; « et la route jusqu’à Reims, dit la Relation du sacre, ne fut plus qu’un arc de triomphe. »

En sortant des vêpres du sacre, Charles X signa l’amnistie accordée aux déserteurs de la marine et aux condamnés politiques.

Ce fut cette amnistie qui ramena Carrel en France.

Treize ans après, Charles X mourait à Goritz.

Madame la duchesse d’Orléans avait assisté au sacre, et en avait fait, sur son album particulier, une relation en italien. De retour à Paris, elle voulut avoir une traduction française de cette relation, et chargea Oudard de la lui faire. Oudard, fort embarrassé, me donna l’album, deux jours de congé, et mission de traduire la relation en son lieu et place.

Cet album était celui où madame la duchesse d’Orléans écrivait ses plus secrètes pensées, et relatait ses plus secrètes actions.

On ne m’avait aucunement recommandé de pas lire, et je lus.

Au reste, sur cet album, qui renfermait les actions et les pensées de la duchesse d’Orléans depuis dix ans ; sur cet al-