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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Qu’avez-vous, sire ? lui demanda l’archevêque.

— Cette couronne me blesse, répondit Louis XVI.

Et, vingt ans plus tard, il était mort sur l’échafaud !

Napoléon avait voulu, pour le sacrer, plus qu’un archevêque : il avait voulu un pape, et avait fait venir Pie VII de Rome à Paris, du Vatican à Notre-Dame.

Il fallut presqu’un dieu pour consacrer cet homme !
Le prêtre, monarque de Rome,
Vint sacrer son front menaçant ;
Car sans doute, en secret effrayé de lui-même,
Il voulut recevoir son sanglant diadème
Des mains d’où le pardon descend !

Quinze ans plus tard, Napoléon mourut à Sainte-Hélène !

Enfin, c’était le tour de Charles X.

Tous les souverains de la chrétienté, informés de cette cérémonie solennelle, devaient y être représentés par des ambassadeurs extraordinaires. Ces ambassadeurs extraordinaires étaient :

Pour l’Autriche, le prince d’Esterhazy ; pour l’Espagne, le duc de Villa-Hermosa ; pour la Grande-Bretagne, le duc de Northumberland ; pour la Prusse, le général de Zastrow, et, pour la Russie, le prince de Volkonsky.

Le 24 mai, à onze heures et demie du matin, le roi et le dauphin partirent des Tuileries, et se rendirent à Compiègne.

Tout alla bien jusqu’à Fismes. Mais il fallait qu’un accident vint apporter son mauvais présage à ce règne de six ans, qui devait, lui aussi, aller se perdre dans l’exil.

À la descente de Fismes, les batteries de la garde royale, placées dans un vallon à gauche de la route, firent feu pour saluer le roi.

La détonation, répétée par l’écho, fut terrible !

Au bruit de cette détonation, les chevaux de la voiture où étaient les ducs d’Aumont et de Damas, et les comtes de Cossé et Curial, s’emportèrent ; la voiture versa et se brisa sur le pavé.