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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

corps ne lui rapportait plus rien, qu’il fût exhumé et transporté ailleurs. La contestation fut longue, et Torbet menaçait de déterrer lui-même le cadavre de cet homme qui avait tout usurpé, quoi qu’en ait dit le poëte, — même son tombeau, — et de jeter ses restes sur le chemin, lorsque le gouvernement décida que ce terrain serait acheté par la Compagnie des Indes cinq cents livres sterling à son propriétaire.

Moyennant ce dédommagement accordé à M. Torbet, il fut arrêté que l’on visiterait désormais gratis la tombe de Napoléon.

Nous avons déjà dit trois fois que cet homme s’appelait M. Torbet.

Disons-le une quatrième fois, pour qu’on ne l’oublie pas.

Si quelque chose pouvait consoler d’une pareille honte l’humanité, à laquelle M. Torbet se vantait d’appartenir, c’était l’accueil qu’après quarante ans, recevait la Fayette en Amérique, où le transportait, comme hôte de la nation, le Cadmus, magnifique bâtiment de l’Union.

C’était, en effet, un beau spectacle que celui d’une nation tout entière se levant et battant des mains pour recevoir un des fondateurs de sa liberté.

Dès le 12 janvier, sur la simple nouvelle d’un voyage de la Fayette aux États-Unis, une résolution ainsi conçue avait été prise par les deux Chambres, sur la motion de M. Mitchell :

» Attendu que l’illustre champion de notre liberté et le héros de notre révolution, l’ami et le compagnon de Washington, le marquis de la Fayette, officier général volontaire dans la guerre de notre indépendance, a exprimé le vif désir de visiter notre pays, à la liberté duquel sa valeur, son sang et ses richesses ont tant contribué ;

» Il est résolu que le président sera requis de transmettre au marquis de la Fayette l’expression des sentiments de respect, de gratitude et d’attachement affectueux que nourrissent pour lui le gouvernement et le peuple américains, et de l’assurer que l’accomplissement du désir et de l’intention qu’il a