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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

le Roi est mort ! vive le roi ! c’est-à-dire un des écrits les plus faibles qui soient sortis de sa plume.

Ce fut à propos de cette mort aussi que Victor Hugo publia les Funérailles de Louis XVIII, c’est-à-dire une de ses plus belles odes.

Nous n’avons pas besoin de demander la permission à nos lecteurs pour en citer quelques strophes.

............
Un autre avait dit : « De ma race
Ce grand tombeau sera le port ;
Je veux, aux rois que je remplace,
Succéder jusque dans la mort.
Ma dépouille ici doit descendre !
C’est pour faire place à ma cendre
Qu’on dépeupla ces noirs caveaux ;
Il faut un nouveau maître au monde ;
À ce sépulcre que je fonde
Il faut des ossements nouveaux !

» Je promets ma poussière à ces voûtes funestes.
À cet insigne honneur ce temple a seul des droits ;
Car je veux que le ver qui rongera mes restes
Ait déjà dévoré dés rois.
Et, lorsque mes neveux, dans leur fortune altière,
Domineront l’Europe entière,
Du Kremlin à l’Escurial,
Ils viendront tour à tour dormir dans ces lieux sombres,
Afin que je sommeille, escorté de leurs ombres,
Dans mon linceul impérial ! »

Celui qui disait ces paroles
Croyait, soldat audacieux,
Voir, en magnifiques symboles,
Sa destinée écrite aux cieux.
Dans ses étreintes foudroyantes,
Son aigle, aux serres flamboyantes,
Eût étouffé l’aigle romain ;
La victoire était sa compagne,
Et le globe de Charlemagne
Était trop léger pour sa main !