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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

promenades à Choisy, que Louis XVIII s’aperçut qu’il lui fallait sérieusement songer à la mort. Cependant, il continua de donner des audiences, de présider le conseil, et de diriger le travail des ministres avec un courage que l’on ne peut s’empêcher d’admirer, quand on pense à ce qu’il dut souffrir de la décomposition de ses jambes, dont les tissus cellulaires, musculeux et même osseux, étaient confondus ; le pied droit surtout et le bas de la jambe, jusqu’à là hauteur du mollet, étaient sphacélés ; les os en étaient ramollis, et quatre orteils en étaient détachés.

Ce ne fut que le 12 septembre, après une consultation de médecins tenue le soir, qu’il fut décidé que l’on ne pouvait cacher plus longtemps à la France l’état de son roi.

Jusque-là, Louis XVIII, fidèle aux principes émis par lui, s’y était refusé.

— Vous ne savez pas, disait-il, ce que c’est que d’annoncer à un peuple la maladie d’un roi. Il faut, alors, fermer les bourses et les spectacles ; mon agonie sera longue, et je ne veux pas faire souffrir si longtemps les intérêts publics.

Enfin, le 13 septembre, au matin, parurent à la fois dans le Moniteur deux bulletins signés des médecins et du premier gentilhomme de la chambre.

Ils annonçaient la maladie du roi et laissaient bien voir, que cette maladie était sans remède.

À la suite du second bulletin venait cette ordonnance que Louis XVIII craignait tant sur la fermeture de la Bourse et des théâtres.

C’étaient les premiers bulletins que la France eût lus depuis un demi-siècle, c’est-à-dire depuis la mort de Louis XV.

C’étaient les derniers qu’elle devait lire.

Premier bulletin de la santé du roi.
« Aux Tuileries, le 12 septembre, à six heures du matin.

» Les infirmités anciennes et permanentes du roi ayant augmenté sensiblement depuis quelque temps, sa santé a