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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

l’avis qu’un paquet très-pressé l’attendait à son ministère. Il s’y rendit aussitôt, et y trouva, en effet, une lettre du président du conseil, ainsi conçue :

« Monsieur le vicomte,

» J’obéis aux ordres du roi, et je vous transmets l’ordonnance ci-jointe. »

L’ordonnance jointe était un congé en bonne forme.

Dix minutes après, M. de Villèle avait, de son côté, reçu la réponse de M. de Chateaubriand.

La lettre du ministre des affaires étrangères ne le cédait point en laconisme à la lettre du ministre des finances. La voici :

« Monsieur le comte,

« J’ai quitté l’hôtel des affaires étrangères ; le département est à vos ordres. »

Il y avait juste quinze mots dans la lettre, quinze mots dans la réponse.

C’était l’a faute des mots, et non celle de M. de Chateaubriand, si la réponse contenait quatre lettres de plus.

Ce renvoi fût profondément amer à l’auteur du Génie du christianisme, et ce fut à cette occasion qu’il dit le mot que nous croyons avoir déjà rappelé :

— Je n’avais cependant pas volé la montre du roi sur sa cheminée !

L’ordonnance avait été écrite par M. de Renneville, ce secrétaire qui, au dire de Méry et de Barthélemy, — auxquels nous allons venir tout à l’heure, — était cousu au pan de l’habit de M. de Villèle.

« … M. de Renneville, dit Chateaubriand dans ses Mémoires, M. de Renneville, qui est assez bon pour paraître encore embarrassé devant moi ! Eh ! mon Dieu ! est-ce que je connais M. de Renneville ? est-ce que j’ai jamais songé à lui ? Je le rencontre assez souvent ; s’est-il, une fois ou l’autre, aperçu que