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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

tête du malade, qui paraissait tout à fait engourdi ; chaque fois que le râle revenait, les deux serviteurs lui soulevaient la tête.

Cela dura ainsi jusqu’au lendemain 19, à six heures du soir.

Alors, Byron ouvrit et referma les yeux sans aucun symptôme de douleur, ni sans faire le moindre mouvement d’aucune partie du corps.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria Fletcher, je crois que milord vient de rendre le dernier soupir !

Les médecins s’approchèrent, lui tâtèrent le pouls, et dirent :

— Vous avez raison, il est mort !…

Le 22 avril, les restes de Byron furent transférés dans l’église où reposaient Marcos Botzaris et le général Normann. Le corps était renfermé dans un grossier cercueil de bois ; un manteau noir le recouvrait, et, sur le manteau, on avait posé un casque, une épée et une couronne de lauriers.

Byron avait manifesté le désir que son corps fût rapporté dans sa patrie ; mais les Grecs demandèrent à garder son cœur, et ceux-là qui avaient tant fait saigner ce cœur de son vivant l’abandonnèrent mort.

Sa fille Ada, que j’ai vue depuis à Florence, fut déclarée fille adoptive de la Grèce. — Le roi Othon Ier s’est-il souvenu de cette adoption ? Je n’en sais rien.

XCVII

Les réputations usurpées. — M. Lemercier et ses œuvres. — La levrette blanche de Racan. — Le Fiesque de M. Ancelot. — Les peintres romantiques. — Scheffer. — Delacroix. — Sigalon. — Schnetz. — Coigniet. — Boulanger. — Géricault. — La Méduse dans l’atelier de l’artiste. — Obsèques de lord Byron en Angleterre. — Une prise de corps contre Sheridan.

Pendant que l’on transportait le corps de lord Byron de Missolonghi en Angleterre, le mouvement littéraire de la