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que, se trouvant à Gênes avec Byron, qui s’embarquait le lendemain, Byron lui avait dit :

— Nous voici réunis, c’est vrai ; mais, demain, nous allons être séparés, et qui sait pour combien de temps ? Quant à moi, j’ai quelque chose là — et il posa la main sur son cœur — qui me dit que nous nous voyons pour la dernière fois ; je vais en Grèce, je n’en reviendrai pas !

Vers la fin de décembre, Byron débarqua en Morée, et, quelques jours après, malgré la flotte turque qui assiégeait Missolonghi, il pénétra dans la place, au milieu des cris enthousiastes de la population, qui le conduisit en triomphe à la maison qu’on lui avait préparée.

Une fois là, Byron n’eut plus qu’une espérance : voir triompher la cause à laquelle il s’était dévoué, ou mourir en défendant de nouvelles Thermopyles.

Ni l’une ni l’autre de ces deux faveurs ne devait lui être accordée.

Le 15 février 1824, il fut saisi d’un accès de fièvre qui, tout en s’évanouissant rapidement, le fit cruellement souffrir, et l’affaiblit beaucoup.

Cependant, aussitôt remis, il reprit ses courses à cheval, qui étaient ses grandes distractions de chaque jour.

Le 9 avril, il fut très-mouillé dans sa promenade, et, à son retour, quoiqu’il eût complètement changé d’habits, il se sentit indisposé. En effet, il était resté plus de deux heures dans des vêtements humides.

Pendant la nuit, il eut un peu de fièvre, et cependant dormit assez bien ; mais, le 10, vers onze heures du matin, il se plaignit d’un violent mal de tête, et de douleurs dans les bras et dans les jambes.

L’après-midi, il n’en monta pas moins à cheval.

Son vieux domestique, Fletcher, au récit duquel nous empruntons ces derniers détails, l’attendait au retour.

— Eh bien, lui demanda-t-il, comment se trouve milord ?

— La selle n’était point sèche, répondit Byron, et je crains bien que cette humidité ne m’ait rendu malade.

En effet, le lendemain, il fut facile de voir que l’indisposi-