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C’était la fille du comte de Bemborough ; elle avait épousé, en 1805, Williams Lamb, second fils de lord Melbourne.

Byron l’aima follement ; il lui offrit de l’enlever.

Ellfe refusa.

Quelle cause amena entre eux une rupture si amère, que lady Lamb fit contre son ancien amant le roman de Glenarvon, et que celui-ci l’a traita avec tant de dédain pendant le reste de sa vie ? C’est ce que nous eussent certainement appris les Mémoires de lord Byron, brûlés par sir Thomas Moore, — et brûlés, qui sait ? peut-être à cause de cet épisode.

Ce fut après cette brouille que Byron se fît la réputation de dandy, qu’il devint l’homme indispensable des eaux, des raouts. Puis cette vie eût l’issue qu’elle devait avoir : le poëte tomba dans l’ennui et dans le dégoût. Aussi, le 17 février 1814, écrivait-il :

« Me voilà seul ici, quand je devrais être chez H***, qui m’avait invité à dîner ; mais je m’ennuie si profondément, que je ne me surprends nulle envie d’aller en quelque lieu que ce soit ; Hobhouse prétend que je suis un loup-garou ; un revenant solitaire, c’est vrai. »

Une singulière idée vint, alors, au misanthrope, à l’homme blasé, au poëte à bout d’inspirations : ce fut celle de se marier.

Il a usé toute la première phase de sa vie ; il aspire à quelque chose d’inconnu, fût-ce dans la douleur.

Ce quelque chose d’inconnu dans la douleur, en-effet, lady Byron le lui garde.

Mais ce qu’il y aide curieux en lui ; c’est qu’il veut se marier, voilà tout ; se marier pour le mariage ; et non pour la femme. Lui qui a parié cinquante livres sterling avec M. Hay qu’il ne se mariera jamais, il est si pressé de se marier, que peu lui importe qui il épousera.

Il causait de ce projet avec lady Melbourne ; lady Melbourne proposait Une jeune fille que ne connaissait pas Byron ; Byron proposait miss Milbanke.