Nous descendîmes par le petit escalier tournant, condamné aujourd’hui ; nous sortîmes par le corridor noir, nous longeâmes la galerie de Nemours, et nous nous trouvâmes sur la place du Palais-Royal.
— Là, maintenant, dit Adolphe, vous savez votre chemin : la rue Croix-des-Petits-Champs, la rue Coquillère, la rue des Vieux-Augustins. Bonsoir, je vous quitte ; il est tard, et il y a loin d’ici à la rue Pigalle… À propos, vous savez, nous déjeunons à dix heures et nous dînons à cinq.
Et Adolphe tourna le coin de la rue de Richelieu, et disparut.
Il était tard, en effet ; tout était éteint, et quelques rares passants attardés traversaient la place du Palais-Royal.
Quoi qu’en eût dit Adolphe, je ne savais pas du tout mon chemin ; aussi fus-je très-embarrassé, quand je me trouvai seul.
Puis, il faut bien que je l’avoue, j’étais assez inquiet de me trouver dans les rues de Paris à une heure si avancée ; j’avais entendu raconter une foule d’attaques nocturnes, de vols et d’assassinats, et, avec mes cinquante sous dans ma poche, je tremblais d’être dévalisé.
Il y eut alors dans mon âme un combat entre le courage et la crainte.
La crainte l’emporta.
J’appelai un fiacre.
Le fiacre vint à moi, j’ouvris la portière.
— Monsieur sait qu’il est minuit passé ? me dit le cocher.
— Parbleu ! si je le sais, répondis-je.
Et tout bas :
— C’est bien pour cela que je prends un fiacre, ajoutai-je.
— Où va notre bourgeois ?
— Rue des Vieux-Augustins, hôtel des Vieux-Augustins.
— Hein ?… fit le cocher.
Je répétai.
— Monsieur est bien sûr que c’est là qu’il veut aller ?
— Parbleu !
— En ce cas, en route !