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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

On exigerait du roi le renvoi du ministère, et on le forcerait de chasser hors de France tous ceux qui étaient désignés par l’opinion publique comme des ennemis de la charte et des perturbateurs du repos et du bonheur publics.

Ce conciliabule avait eu lieu et ces résolutions avaient été prises avant le débarquement de Napoléon ; mais, comme le mouvement éclata simultanément avec le retour de l’île d’Elbe, on les rattacha d’abord l’un à l’autre.

Les généraux qui étaient entrés le plus avant dans la conspiration étaient Drouet d’Erlon, que nous avons déjà nommé, Lefèvre-Desnouettes et les deux frères Lallemand.

Le duc de Trévise, tenant sous ses ordres le comte d’Erlon, avait le commandement de la 16e division militaire, dont le chef-lieu était à Lille. Vers la fin de février, il s’absenta de son commandement. Le moment paraissait favorable : le comte d’Erlon résolut d’en profiter. — Le moment était, en effet, d’autant plus favorable, que le télégraphe venait de transmettre la nouvelle du débarquement de Napoléon. La garnison de Lille, trompée par des ordres supposés, se mit, conduite par le comte d’Erlon, en marche le 8 mars ; mais elle fut rencontrée en route par le duc de Trévise, que rappelait à Lille l’étrange nouvelle qui bouleversait l’Europe ; il interrogea les généraux qui conduisaient ces colonnes, devina le complot, donna contre-ordre, et rentra dans la ville avec son corps d’armée.

Pendant ce temps, Lefèvre-Desnouettes avait agi de son côté. Croyant la garnison de Lille en route, et ignorant ce qui venait de se passer, il avait mis en mouvement le régiment des anciens chasseurs de la garde, qu’il commandait ; mais, arrivé à Compiègne, c’est-à-dire à sept lieues de chez nous, il trouva le 6e chasseurs — qui portait le nom de régiment de chasseurs du duc de Berry — rangé en bataille, ayant à sa tête son colonel M. de Talhouet. À cette vue, Lefèvre-Desnouettes s’arrête muet, et ne sait que répondre à ses officiers et à ceux du 6e chasseurs qui lui demandent la cause de son trouble. Il sort brusquement de Compiègne, rencontre le général Lyom, major du régiment des chasseurs royaux, lui dévoile une partie de son projet, lui propose d’entrer dans la