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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Juste en ce moment, un chirurgien, nommé Raynal, passait ; je l’avais vu, le matin, revenir dans une direction qui était celle qui conduisait à la maison de mon blessé.

J’allai à lui.

— Qu’a donc un tel, lui demandai-je, qu’on vous a envoyé chercher de chez lui, ce matin ?

— Ce qu’il a, garçon ? me répondit-il avec son accent provençal.

— Oui.

— Eh bien, il a que sans doute, cette nuit, il n’y voyait pas bien clair, et que, pressé qu’il était de rentrer, il a été donner de la poitrine dans le timon d’une voiture. Le coup s’est trouvé si violent, qu’il en est tombé à la renverse, et qu’en tombant il s’est fendu la tête.

— Quand lui faites-vous votre seconde visite ?

— Demain, à la même heure qu’aujourd’hui.

— Eh bien, docteur, dites-lui de ma part, que, passant cette nuit derrière lui, à l’endroit même où il est tombé, j’ai trouvé son couteau, et que je le lui renvoie. Ajoutez, docteur, que c’est une bonne arme, mais que cependant l’homme qui n’aurait que cette arme-là aurait tort de s’attaquer à un homme qui aurait deux pistolets pareils à ceux-ci…

Je crois que le docteur comprit.

— Ah ! ah ! fit-il ; bon ! sois tranquille, je le lui dirai.

Je présume que, de son côté, l’homme au couteau comprit aussi, car je n’en entendis jamais reparler, quoique, quinze jours après, je dansasse vis-à-vis de lui au bal du parc.


LXI


De Leuven m’invente pour son collaborateur. — Le Major de Strasbourg. — Mon premier couplet chauvin. — Le Dîner d’amis. — Les Abencèrages.

J’avais naïvement raconté à de Leuven mon impuissance à traduire la belle ballade de Bürger ; mais, comme c’était un