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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


LVI


Retour à 1814. — Marmont, duc de Raguse. — M. Dudon. — Maubreuil et Roux-Laborie chez M. de Talleyrand. — Le Journal des Débats et le Journal de Paris. — Lyrisme bonapartiste et enthousiasme bourbonien. — Complot contre la vie de l’empereur. — Vol de l’argent et des diamants de la reine de Westphalie.

Remuons encore un peu le fumier de 1814. — Dieu, en prédisant la perte de Jérusalem, disait à Ézéchiel : « Je te ferai manger ton pain cuit sous de la fiente de bœuf. » Mon Dieu ! Seigneur ! vous avez été plus sévère pour nous que pour le prophète, et vous nous avez fait manger parfois bien pis que cela !

Napoléon était à Fontainebleau ; l’impératrice, à Blois ; un gouvernement provisoire, occulte et inconnu, fonctionnait dans l’entre-sol de l’hôtel de la rue Saint-Florentin.

Est-il utile de dire que l’hôtel de la rue Saint-Florentin appartenait à M. de Talleyrand ?

Le 16 mars, Napoléon avait écrit de Reims :

« Mon frère,

» Conformément aux instructions verbales que je vous ai données, et à l’esprit de toutes mes lettres, vous ne devez permettre, en aucun cas, que l’impératrice et le roi de Rome tombent entre les mains de l’ennemi. Vous serez plusieurs jours sans nouvelles de moi. Si l’ennemi s’avance sur Paris avec des forces telles, que vous jugiez toute résistance inutile, faites partir dans la direction de la Loire la régente, mon fils, les grands dignitaires, les ministres, les officiers du sénat, les présidents du conseil d’État, les grands officiers de la couronne, le baron de la Bouillerie et le trésor. Ne quittez pas mon fils, et rappelez-vous que je préférerais le savoir dans la Seine plutôt qu’entre les mains des ennemis de la France. Le