LIII
Il y avait longtemps que je n’avais vu quelqu’un de la famille Collard. Madame Capelle, qui était parfaite pour moi, et qui, dans les ridicules que l’on me reprochait, — et que je possédais, je ne m’en cache pas, à un certain degré, — faisait la part de la jeunesse ; madame Capelle, en me présentant de Leuven comme un petit ami à moi, m’invita, pour faire plus ample connaissance, à un déjeuner qui devait avoir lieu le lendemain dans la forêt ; et il fut convenu qu’à la suite du déjeuner, j’irais passer deux ou trois jours au château de Villers-Hellon.
On comprend que j’acceptai tout cela.
La fête de Corcy se passa comme toutes nos charmantes fêtes de village avaient l’habitude de se passer : c’est-à-dire avec force danses et force rires.
Je ne me rappelle rien de charmant comme ces retours à dix ou onze heures du soir sous la voûte épaisse et tremblante des grands arbres. Au milieu du silence majestueux de la nuit, on eût dit une vue de l’Élysée antique, avec ses ombres se promenant muettes dans l’obscurité ; car les ombres qui se promenaient dans ces Élysées terrestres parlaient si bas, si bas, qu’on eût juré qu’elles étaient muettes.
J’avais été obligé de retourner à Villers-Cotterets pour reconduire Adèle, à laquelle il m’avait fallu faire comprendre, à force de diplomatie, la nécessité où j’étais de conserver des relations avec la famille Collard. C’était une si excellente personne, elle avait le cœur si bon, l’esprit si droit, qu’elle comprit cela, et que, le cœur un peu gros de me prêter à un pareil groupe de jeunes filles, belles et aristocratiques à faire