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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

La blessure devait avoir douze ou quinze pouces de long.

Les autres, que je vis tomber, tombèrent, l’un, d’un coup de tête qui lui ouvrit le front ; les autres, de coups de pointe ou de coups de pistolet.

Puis, vaincus, après une lutte de dix minutes, les Prussiens se confièrent de nouveau à la vitesse de leurs chevaux, et repartirent à toute bride.

La poursuite recommença.

Le tourbillon reprit son vol, semant, avant de disparaître, trois ou quatre hommes sur le pavé de la route.

Un de ces hommes était tué, sans doute, car il ne fit aucun mouvement.

Les hommes se relevèrent où se traînèrent ; ils gagnèrent le revers de la route. Un d’eux s’assit, le dos à la muraille ; les deux autres, blessés plus grièvement sans doute, restèrent couchés.

Tout à coup, on entendit le tambour battant la charge.

C’étaient nos cent hommes d’infanterie qui venaient à leur tour prendre part au combat. Ils marchaient la baïonnette en avant, et disparurent au coude que faisait la route.

Cinq minutes après, on entendit un vigoureux feu de peloton.

Puis nous vîmes reparaître nos hussards, ramenés par cinq ou six cents hommes de cavalerie.

ils reparurent chassés, comme ils étaient partis chassant.

Au milieu de cette seconde tempête d’hommes, il fut impossible de rien voir, de rien distinguer ; seulement, quand elle fut passée, trois ou quatre cadavres de plus étaient étendus sur la route.

Un grand silence succéda à tout ce bruit. Français et Prussiens s’étaient engouffrés dans l’intérieur de la ville.

Nous entendîmes, mais nous ne vîmes et n’entendîmes plus rien.

Qu’étaient devenus nos cent hommes d’infanterie ? Sans doute, ils s’étaient jetés dans les terres et avaient été tués ou pris.

Quant à nos cavaliers, qui connaissaient les environs de la