rire le bon abbé Grégoire, qui venait, comme on le voit, de révéler le secret de la confession.
— Eh bien, oui, je sais danser, répondis-je. Après ?…
— Fais-moi un entrechat.
L’entrechat était mon fort. On dansait encore à l’époque où j’ai appris à danser. Depuis, on s’est contenté de marcher ; ce qui est bien plus commode… et bien moins difficile à apprendre.
Je battis un quatre sur place.
— Très-bien ! me dit l’abbé. Alors tu feras danser ma nièce, qui vient à la Pentecôte.
— Mais… c’est que je n’aime pas la danse, répondis-je assez brutalement.
— Bah ! par galanterie, tu feras semblant de l’aimer.
— Ta cousine Cécile a bien raison de dire que tu ne seras jamais qu’un ours, ajouta ma mère en haussant les épaules.
Cette accusation me fit réfléchir.
— Pardon, monsieur l’abbé, dis-je ; je ferai tout ce que vous voudrez.
— À la bonne heure ! dit l’abbé ; et, pour te faire faire connaissance avec nos Parisiennes, dimanche, après la grand’messe, tu viendras déjeuner avec nous.
J’avais huit jours pour me préparer à mes fonctions de cavalier servant.
Pendant ces huit jours, il arriva un grand événement.
Au moment de son départ, mon beau-frère avait laissé à Villers-Cotterets une partie de sa bibliothèque.
Parmi ces livres, il y avait un ouvrage couvert d’un papier glacé rouge, et divisé en huit ou dix volumes.
Mon beau-frère l’avait fait remarquer à ma mère.
— Vous pouvez lui laisser tout lire, avait-il dit, excepté ce livre-là.
J’avais jeté un coup d’œil de côté sur le livre, me promettant bien, au contraire, que ce serait celui-là que je lirais.
Mon beau-frère parti, j’avais laissé passer quelques jours puis je m’étais mis à la recherche de ces fameux livres rouges qu’il m’était défendu de lire.