près de son lit, dont il tordait encore les couvertures entre ses mains crispées.
À sa tête, sur la table de nuit, étaient deux bouteilles de vin blanc, l’une vide, l’autre entamée. Il avait, au côté gauche, une large blessure dont son chien favori léchait le sang.
Il était encore chaud, et venait d’expirer, il y avait dix minutes à peine.
Voici ce qui s’était passé ; nous le sûmes le lendemain par le facteur d’un village voisin, qui avait presque assisté à l’événement.
Choron, nous l’avons dit, était jaloux de sa femme, et, quoique rien ne justifiât cette jalousie, on a pu voir, d’après ce que m’avait dit l’inspecteur, qu’elle n’avait fait qu’augmenter.
Il était parti à une heure du matin, profitant d’un magnifique clair de lune, pour détourner les deux loups qui se trouvaient sur la brigade.
Un quart d’heure après son départ, un messager était accouru annoncer à sa femme que son père venait d’être frappé d’une attaque d’apoplexie, et demandait à la voir avant que de mourir.
La pauvre femme s’était levée et était partie à l’instant même, sans pouvoir dire où elle allait : ni elle ni le messager ne savaient écrire.
En rentrant à cinq heures du matin, Choron avait trouvé la maison vide ; il avait tâté le lit ; le lit était froid ; il avait appelé sa femme, il l’avait cherchée partout ; sa femme avait disparu.
— C’est bien, dit Choron, elle a profité de mon absence pour s’en aller chez son amant. Ne croyant pas que je rentrerais sitôt, elle n’est pas encore de retour. Elle me trompe ! Il faut que je la tue !
Il croyait savoir où elle était.
Il détacha ses pistolets d’arçon, les chargea, mit dans l’un quatorze chevrotines, et dans l’autre dix-sept.
On retrouva les quatorze chevrotines dans celui des deux pistolets qui était resté chargé.