ses suivantes, comme j’avais été aux chasses passées… Hélas ! ma pauvre mère n’avait d’autre volonté que la mienne, et je la tourmentai tant, qu’elle céda.
Ô pauvre mère ! c’est toi que le chasseur fatal devait tuer avant l’âge, au moment où j’allais te rendre en joies et en bien-être toutes les douleurs que je t’avais faites, toutes les gênes que je t’avais causées !
Le jeudi suivant, j’allai à la chasse, malgré le terrible accident du dimanche.
Le rendez-vous, cette fois, était à la Bruyère-aux-Loups.
M. Deviolaine avait convoqué tout le monde, à l’exception de Choron. Mais, convoqué ou non, Choron n’était pas homme à manquer à son devoir : il arriva à la même heure que les autres ; seulement, il n’avait ni carabine ni fusil.
— Le voilà ! dit M. Deviolaine ; j’en étais sûr !
Puis, se retournant vers lui :
— Pourquoi diable es-tu venu, Choron ?
— Parce que je suis chef de brigade, mon inspecteur.
— Mais je ne t’avais pas convoqué.
— Oui, je comprends, et je vous remercie… Mais ce n’est point cela ; le service avant tout. Dieu sait si je donnerais ma vie pour que le malheur ne fût pas arrivé ; mais, quand je resterais à me lamenter à la maison, il n’en aura pas moins six pieds de terre sur le corps, le pauvre cher homme !… Oh ! il y a une chose qui me tourmente, monsieur Deviolaine.
— Laquelle, Choron ?
— C’est qu’il est mort sans me pardonner.
— Comment voulais-tu qu’il te pardonnât ? Il ne savait même pas que c’était toi qui eusses tiré le malheureux coup de carabine.
— Non, il ne l’a pas su au moment de la mort, mais il le sait là-haut. Les morts savent tout, à ce qu’on dit.
— Allons, Choron ! allons, du courage ! dit M. Deviolaine.
— Du courage ! parbleu ! vous voyez bien que j’en ai, mon inspecteur, puisque me voilà. Mais n’importe, j’aurais voulu qu’il me pardonnât.
Puis, se penchant à l’oreille du chef :