» L’homme qui vous remettra cette lettre se chargera aussi de votre réponse. Si vous avez de l’honneur, vous ne m’en refuserez pas une.
Cette lettre effraya fort le jeune prince : c’était une mise en demeure claire, nette, positive. « Êtes-vous archiduc autrichien ou prince français ? » Là était la question.
Le duc s’ouvrit de cet événement et de l’inquiétude qu’il lui causait au chevalier de Prokesch.
— Vous comprenez bien, lui dit-il, que je ne prendrai pas pour guide de ma conduite et pour garant de mon avenir des personnes d’un caractère aussi exalté ; mais je me trouve dans un embarras véritable. Il est dans mes sentiments envers l’empereur (quand le duc de Reichstadt parle de l’empereur, c’est toujours de l’empereur François II qu’il parle), il est dans mes sentiments envers l’empereur, comme dans la dignité de ma situation, de ne lui cacher ni mes peines, ni mes démarches ; lui taire cette circonstance me semblerait un tort vis-à-vis de lui. D’un autre côté, je ne voudrais pas nuire à la comtesse ; elle manque de prudence, mais elle a droit à mes égards… D’ailleurs, c’est une femme. Cependant, mon premier devoir est envers l’empereur… — Ne pourriez-vous pas aller, de ma part, trouver le comte de Dietrichstein,