J’aime mieux accuser l’étude aux longues nuits,
Des souvenirs amers ou de vagues ennuis.
Comme une jeune plante à la tige légère,
Que poussa l’ouragan sur la terre étrangère,
Loin du sol paternel languit et ne produit
Que des fleurs sans parfum et des boutons sans fruit,
Sans doute, l’orphelin que la grande tempête
Emporta vers le Nord dans son berceau de fête,
Aujourd’hui, comprimant de cuisantes douleurs,
Tourne vers l’Occident des yeux chargés de pleurs !…
Le poëte avait recueilli tout ce qu’il pouvait recueillir de son voyage : il avait vu, de loin, au fond d’une loge, le pauvre enfant impérial ! il partit, lui prédisant, comme on voit, une mort précoce et prochaine.
S’il faut en croire M. de Montbel, après le départ de Barthélemy, Napoléon en Égypte fut lu dans la famille impériale, en présence du duc de Reichstadt, qui écouta cette lecture avec la plus profonde indifférence : il se contenta de dire qu’on avait eu raison de ne pas laisser arriver jusqu’à lui l’auteur d’un pareil ouvrage.
Était-il si indifférent ? était-il si dissimulé ? était-il si ingrat ?
CCL
Au mois de juin 1830, l’empereur d’Autriche, comme il avait l’habitude de le faire chaque année, quitta Vienne pour aller visiter quelques-unes de ses provinces ; cette année-là, c’était au tour de la Styrie d’être honorée du passage de l’empereur. Sa Majesté prit avec elle Marie-Louise et son fils, et on arriva à Gratz.