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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

faite avec les meilleures intentions, lui a, dit-on, depuis coûté bien des larmes !

Deutz courut prévenir la police.

Rien n’eût été plus facile à la duchesse que de sortir de Nantes : plus de cent cinquante de ses partisans bien connus, et gravement compromis lors de la prise d’armes, avaient quitté la France, et pas un seul n’avait été arrêté. La duchesse le savait bien. Elle disait souvent :

— Je sortirai quand je voudrai !

Ses amis la pressaient de quitter la France, où sa présence ne pouvait plus être utile à sa cause ; pour l’y décider, ils lui représentaient que les chefs de son parti qui s’étaient le plus compromis pour elle, étaient journellement exposés, parce que, attachés à sa fortune par leurs engagements et par un sentiment d’honneur, ils ne voulaient pas abandonner leur pays tant qu’elle-même n’aurait pas quitté la France, et pourrait courir des dangers. Un moyen immanquable avait été proposé par M. Guibourg ; un navire avait été trouvé et disposé ; enfin, la duchesse consentit à fuir : elle devait emmener avec elle M. de Ménars et Petit-Paul (mademoiselle Eulalie de Kersabiec). Cette décision fut prise le 4 novembre, et le jour du départ fixé au 14.

Le 6 novembre, à quatre heures de l’après-midi, Deutz fut conduit près de la duchesse ; mais des agents adroits surveillaient toutes ses démarches, et le suivaient à la piste.

À peine entré dans la maison Duguigny, il reconnut les localités : il était donc probable que la duchesse demeurait là.

Admis chez la princesse, Deutz lui débita avec beaucoup d’art, et d’un ton pénétré, un roman qu’il avait préparé sur les choses importantes qu’il disait avoir oubliées au sujet de son cher Henri et de sa bonne Louise ; il parla avec enthousiasme de sa haute admiration pour le courage de Madame, de son dévouement à sa noble causé.

Il fut interrompu dans l’expression de ses sentiments par l’arrivée d’une lettre que la duchesse donna à M. de Ménars. Cette lettre était écrite à l’encre blanche. M. de Ménars la