Je voulais revenir de Reichenau par Arenenberg. Ces sortes d’oppositions d’un professeur de mathématiques roi de France avec une reine de Hollande exilée plaisent aux imaginations des poëtes. D’ailleurs, si, tout enfant, j’avais entendu dire grand mal de Napoléon, j’avais entendu dire tant de bien de Joséphine ! Or, qu’était-ce pour moi que la reine Hortense ? Joséphine ressuscitée. Je tenais donc à voir la reine Hortense, et un détour, si long qu’il fût, n’était rien, comparé à ce désir.
Au reste, comme je ne veux pas qu’on prenne ces lignes pour une flatterie tard venue, et que je tiens à ce que l’on me sache incapable de flatter autre chose que les exilés ou les morts, j’écrirai ici sur la reine Hortense ce que j’écrivais en 1832.
Je copie les lignes suivantes dans mes Impressions de Voyage :
« Comme le château d’Arenenberg est situé à une lieue seulement de Constance, il me prit un grand, désir de mettre mes hommages aux pieds de cette Majesté déchue, et de voir ce qui restait d’une reine dans une femme lorsque le destin lui a arraché la couronne du front, le sceptre de la main, le manteau des épaules ; et de cette reine surtout, de cette gracieuse fille de Joséphine Beauharnais, de cette sœur d’Eugène, de ce diamant de la couronne de Napoléon.
» J’en avais tant entendu parler dans ma jeunesse comme d’une belle et bonne fée, bien gracieuse et bien secourable, et, cela, par les filles auxquelles elle avait donné une dot, par les mères dont elle avait racheté les enfants, par les condamnés dont elle avait obtenu la grâce, que j’avais une sorte de