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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

qui venait de ramasser la Révolution dans le sang avait écrit ces trois lignes :

« Certifié vrai.
xxxx » Le général en chef de l’armée de l’intérieur,

« Buonaparte. »

Trois mois plus tard, il supprimera l’u qui italianise son nom et signera Bonaparte.

C’est pendant ces trois mois sans doute qu’il a eu son apparition comme Macbeth et que les trois sorcières lui ont dit : « Salut ! tu seras général en chef ; salut ! tu seras premier consul ; salut ! tu seras empereur, »

La Convention, sauvée par Bonaparte, termina le 26 octobre sa session de trois ans, par un décret d’amnistie pour tous les délits révolutionnaires qui n’étaient pas compliqués de vol ou d’assassinat.

Puis, après avoir rendu huit mille trois cent soixante et dix décrets, elle se retire ou plutôt se réorganise pour reparaître sous la triple forme du conseil des Anciens, du conseil des Cinq-Cents et du Directoire.

Les cinq directeurs sont La Réveillère-Lepaux, Letourneur (de la Manche), Rewbell, Barras et Carnot.

Tous cinq sont conventionnels ; tous cinq ont voté la mort du roi.

Ces nominations toutes révolutionnaires amènent une émeute dans le pays de Bouillon. Le 23 brumaire an iv, mon père remis en activité, est envoyé pour comprimer cette révolte, résultat auquel il arrive sans effusion de sang.

De là, mon père passe de nouveau à l’armée de Sambre-et-Meuse et à l’armée du Rhin ; est nommé commandant de place à Landau, le 21 nivôse an iv ; revient passer en congé à Vitriers-Cotterets le mois de ventôse ; enfin il retourne comme général divisionnaire, le 7 messidor, à cette armée des Alpes qu’il a commandée en chef et dont la destination est de garder la frontière et d’observer le Piémont, avec lequel on est en paix.

D’abord, mon père avait eu envie de refuser. En temps de