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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

trouvé que peu d’officiers généraux capables de faire le bien. Leur composition est généralement mauvaise, et il règne dans toute l’armée un abandon, un esprit d’indiscipline et de pillage déplorables. Il n’y a aucune activité, aucune surveillance, aucune instruction. Je suis arrivé la nuit jusqu’au milieu des camps, sans avoir été non-seulement reconnu, mais signalé ; faut-il s’étonner alors des déroutes que nous avons récemment éprouvées ?

» Et cependant jamais les vertus militaires ne sont plus nécessaires que dans les guerres civiles. Comment, sans elles, exécuter les mesures prescrites par vous ? Comment convaincre les habitants de ces contrées de votre justice, lorsque la justice est violée par vos troupes elles-mêmes ? de votre respect pour les propriétés et pour les personnes, lorsque les hommes chargés de proclamer ce respect pillent et assassinent publiquement et impunément ? Vos intentions et leur conduite sont sans cesse en contradiction, et nous n’obtiendrons, en demeurant dans la même situation, aucun résultat heureux : en changeant de système, il faut changer d’hommes. Il est d’autant plus urgent de faire appuyer les principes par des exemples, que les habitants de ce pays ont souvent été trompés par de fausses espérances et que plus d’une fois on a violé les promesses qu’on leur avait faites.

» Et maintenant je me serais mal expliqué si vous pouviez induire de mon rapport que la Vendée est encore dangereuse pour la République, et qu’elle menace sa liberté.

» Ce n’est point là mon opinion, et je crois même que la guerre peut être promptement terminée, en adoptant les mesures que je vous ai proposées et qui consistent :

» 1° Dans le renouvellement de l’armée ;

» 2° Dans le renouvellement des officiers généraux ;

» 3* Dans le choix épuré qu’on fera de ces officiers destinés à être employés dans la Vendée. Ils doivent être capables, par leur expérience, leurs lumières et leur probité, enfin par leur conduite ferme et soutenue, de maintenir la discipline la plus sévère et d’arrêter le penchant au pillage.

» Vous le dirai-je, citoyens représentants ? tant de difficultés