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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Venez à mon aide, monsieur le duc, dit-elle, et débarrassez-moi de Valence : il adore Pulchérie, et veut absolument l’épouser.

Pulchérie était la seconde fille de madame de Genlis : la première se nommait Caroline, et a épousé M. de Lawoestine.

Le duc ne demandait pas mieux, surtout après la peur qu’il venait d’avoir, que de marier Pulchérie à M. de Valence. Il donna six cent mille francs à la future, et le mariage se fit.

Maintenant, comment la petite Hermine se trouvait-elle chez madame de Valence, et quelle était cette petite Hermine ? C’est ce que nous allons dire.

Madame de Montesson était la tante de madame de Genlis. Madame de Genlis avait été placée par madame de Montesson chez la duchesse d’Orléans (mademoiselle de Penthièvre), comme dame d’honneur. Là, Philippe-Joseph, depuis Philippe-Égalité, l’avait connue, en était devenu amoureux, en avait fait sa maîtresse, et en avait eu une fille.

Cette fille, c’était la petite Hermine.

La petite Hermine était élevée en Angleterre.

Lorsque madame Adélaïde, la sœur du roi Louis-Philippe, eut sept ou huit ans, il fut question de lui donner pour compagne d’étude une jeune Anglaise avec laquelle elle pût constamment parler anglais. C’était un moyen de rapprocher Hermine de son père et de sa mère. Hermine quitta Londres, et vint à Paris.

Lors de l’émigration du duc de Chartres, de MM. de Beaujolais, de Montpensier et de la princesse Adélaïde, Hermine, alors âgée de quatorze à quinze ans, trouva un asile chez madame de Valence, sa sœur ; mais bientôt madame de Valence, arrêtée elle-même, était jetée en prison, tandis que Philippe-Égalité portait sa tête sur l’échafaud, dont n’avait pu le sauver l’infamie jetée par lui sur le nom de sa mère.

Hermine alors demeura avec les enfants de madame de Valence : Félicie, qui a épousé M. de Celles ; Rosamonde, femme du maréchal Gérard.