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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

qui puisse vous glorifier et vous bénir, une harpe qui vous chante, une lyre qui vous loue, une voix qui vous prie ! Grandissez-moi, Seigneur, pour me rapprocher de vous ! et plus vous me grandirez, plus je confesserai humblement votre nom, votre splendeur, votre majesté !… C’est vous, mon Dieu ! qui faites pousser les forêts que les rois vendent ; c’est vous qui envoyez les petits oiseaux qui chantent dans leurs branches ; c’est vous qui les caressez avec la brise, qui est votre sourire, qui les réchauffez avec le soleil, qui est votre regard, qui les déracinez avec l’ouragan, qui est votre colère ! Seigneur, vous seul êtes grand, vous seul êtes éternel ! »

Revenons à M. Deviolaine et à sa maison.

Tout ce logement qu’elle contenait était loin, au reste, d’être du superflu. M. Deviolaine avait une véritable famille de patriarche : un fils et deux filles d’un premier mariage, un fils et deux autres filles d’un second.

C’étaient ces derniers qui, nés de notre cousine, étaient nos parents.

Comme le nom de M. Deviolaine et celui de ses enfants se mêlent à toute la première partie de ma vie, je m’arrêterai un instant sur toute cette riche famille.

Les trois enfants du premier lit se nommaient, le garçon, Victor, et les deux filles, Léontine et Léonore.

Les trois enfants du second lit se nommaient, le garçon, Félix, et les deux filles, Cécile et Augustine.

Une troisième fille survint, mais sept ou huit ans plus tard. Nous dirons un mot de sa naissance lorsque le moment en sera venu.

Victor, Léontine et Léonore étaient beaucoup plus âgés que moi, et se trouvaient être naturellement les compagnons de ma sœur, qui elle-même était mon aînée de neuf ans. Ils attiraient à eux Cécile, l’aînée des enfants du second lit, dont l’âge se rapprochait plus de leur âge que du mien. Puis ils me laissaient pour compagnons de jeux Augustine, plus âgée que moi d’un an, et Félix, moins âgé que moi de deux.

N. Deviolaine, le chef de la famille, était au fond un excellent homme ; je dis au fond, car, à la surface, la nature l’avait