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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Bolzano, toujours chassant l’ennemi, qui se tenait à distance respectueuse ; on entra dans la ville sans coup férir. Mon père chargea l’adjudant général Blondeau de pousser des reconnaissances jusqu’au village de Colman ; il laissa Delmas en position à Bolzano pour observer les troupes de Laudon, et, le 4 germinal, à deux heures du matin, il se mit lui-même en marche, suivant la route de Brixen, par laquelle s’était retiré l’ennemi.

Voyons comment mon père raconte cette brillante affaire, qui lui valut le titre Horatius Coclès du Tyrol ; nous verrons ensuite comment la raconte Dermoncourt, son aide de camp.

« J’ai trouvé l’ennemi en force, occupant la position presque inexpugnable de Clausen ; il a été attaqué avec vigueur et forcé d’abandonner la ville ; nos troupes y sont entrées et ont été chargées par la cavalerie ennemie, mais sans succès.

» À la tête du 5e régiment de dragons, que j’ai fait avancer promptement, j’ai chargé la cavalerie autrichienne et l’ai mise en pleine déroute, laissant beaucoup de morts et de blessés. 1,500 de leurs fantassins ont été faits prisonniers, le reste a été poursuivi jusqu’auprès de Brixen. L’ennemi qui restait rangé en bataille paraissait vouloir nous y attendre ; je ralliai mon avant-garde et je me disposais à l’en chasser, mais il se sauva à notre approche ; je l’ai conduit avec ma cavalerie à plus d’une lieue au delà de Brixen.

» Dans ces différentes charges, j’ai reçu trois coups de sabre ; mon aide de camp Dermoncourt a été blessé à mes côtés. »

« Des 5 et 6 germinal.

» Les troupes se reposèrent le 5.

» Vous aviez chargé le général Baraguey-d’Hilliers d’attaquer l’ennemi le 6, en avant de Michaëlbach, où il restait retranché, et je dus partager ce mouvement avec la cavalerie. Vous savez, général, vous y étant trouvé vous-même, comment les deux régiments de dragons que je commandais s’y