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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

flagrante vis-à-vis de lui, que Joubert, comme Masséna, n’avait eu en le recevant qu’une préoccupation, celle de la lui faire oublier.

Les deux généraùx logèrent ensemble ; puis, comme il s’agissait de commencer les hostilités, ensemble, toujours, ils visitèrent les avant-postes, et il fut décidé qu’on attaquerait le lendemain.

Ce lendemain était le 21 mars 1797 (30 ventôse an v). Le même jour, mon père reçut officiellement de Joubert les

instructions suivantes, arrêtées à l’avance entre eux :

Liberté — Égalité.
« Au quartier général de Trente, le 29 nivôse an v de la République française ; huit heures du matin.

 » Le général de division Joubert au général divisionnaire Dumas.

» Vous partirez dans le jour, général, pour prendre à Segonzano le commandement des brigades du général Belliard, qui a sous ses ordres la 22e légère et la 85e de ligne, et du général Pelletier, qui a sous les siennes la 14e de bataille.

» Vous ordonnerez au général Belliard de partir, à la tombée de la nuit, des positions qu’il occupe avec la 85e pour se rendre à Segonzano. Le général Pelletier se rendra aussi au même endroit dès que l’ennemi ne pourra plus juger ses mouvements, c’est-à-dire aussi à la tombée de la nuit. Vous ferez le rassemblement de toutes ces troupes de manière à pouvoir exécuter, deux ou trois heures avant le jour, le passage de la Weiss et l’attaque de Faver et de Limbra.

» Vous mettrez en tête de vos colonnes tous les carabiniers et tous les grenadiers.

» D’après ce que nous sommes convenus, dans la reconnaissance que nous fîmes de ce point, vous formerez deux colonnes pour passer la Weiss sur la droite de Faver et aller faire votre rassemblement sur le chemin et à la tête du ravin