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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ainsi qu’à la Romagne, et consentait à l’occupation de la ville, citadelle et territoire d’Ancône. Il s’obligeait, en outre, à verser à l’instant même trente millions dans la caisse de l’armée d’Italie à désavouer solennellement le meurtre de Basseville et à payer trois cent mille francs à titre de dédommagement à ceux qui avaient pu souffrir de ce meurtre.

Enfin le pape s’obligeait à remettre les objets d’art et les manuscrits mentionnés dans l’armistice de Bologne, et à rendre, sans dégradation, à la république française, dont il était la propriété ; le palais de l’École des arts.

Le traité de Tolentino termina cette première campagne d’Italie, qui avait vu renouveler les prodiges d’Annibal avec la fortune d’Alexandre.

Pendant que la république française, représentée par Bonaparte, signait avec le pape le traité de Tolentino, les Autrichiens rassemblaient dans les montagnes du Tyrol une sixième armée dont l’empereur donnait le commandement au prince Charles, auquel sa campagne sur le Rhin venait de faire une réputation.

Le prince Charles prit le commandement de cette armée dans le courant de février 1797 (pluviôse an v).

À la fin de février, c’est-à-dire vers le 8 ou 9 ventôse, l’armée ennemie tenait les positions suivantes :

Son corps principal était sur le Tagliamento ; son aile droite, sous les ordres du général Kerpen et du général Laudon, était placée derrière la Lavis et la Nos, et défendait l’entrée du Tyrol. Le prince Lusignan, si bien battu à Rivoli, occupait avec sa brigade l’intervalle existant entre les deux branches principales, et avait pris position aux environs de Feltre ; enfin l’avant-garde, sous les ordres du général Hohenzollern, se tenait sur la Piave.

De son côté, Bonaparte, qui attendait dix-huit mille hommes de renfort de l’armée du Rhin, avait réuni dans la marche Trévisane quatre divisions de son armée. Masséna était à Bassano ; le général Guyeux occupait Trévise ; Bernadotte, qui commençait à arriver, devait occuper Padoue ; Joubert, avec sa division et celles des généraux Baraguey-d’Hilliers et Delmas,