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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

division, lequel sera à portée de l’endroit où l’ennemi a établi sa communication avec la garnison de Mantoue, pour pouvoir, si l’occasion s’en présente favorable, commencer l’attaque, ou au premier ordre que vous recevrez ; vous ne devez pas craindre de dégarnir Saint-Antoine, c’est par là que passeront les renforts qui vous seront envoyés.

» Rendez compte au général en chef de votre reconnaissance et de toutes les dispositions que vous aurez faites.

» Alex. Berthier. »

Ce fut, en effet, par Saint-Antoine que Bonaparte, voyant mon père entouré de forces quadruples, lui envoya, pour le dégager, la fameuse 57e demi-brigade, qui le trouva à moitié enterré dans le même trou où son cheval était enterré tout à fait.

Masséna connaissait la cause de cette disgrâce momentanée ; aussi reçut-il mon père, non-seulement comme un camarade, mais encore comme un homme dont il appréciait les qualités militaires.

En conséquence, il lui donna le commandement de son avant-garde.

Ce fut à la tête de cette avant-garde que mon père se trouva au combat de Saint-Michel, entra dans Vicence et assista à la bataille de Bassano.

En six mois, comme le disait lui-même Bonaparte dans sa proclamation de guerre au pape, l’armée d’Italie avait fait cent mille prisonniers, pris quatre cents pièces de canon et détruit cinq armées.

On comprend que cette guerre pontificale fut une plaisanterie. Le 16 pluviôse, nous étions maîtres de la Romagne, du duché d’Urbin, de la marche d’Ancône, de l’Ombrie et des districts de Perugia et de Camerino.

Enfin, le 30 pluviôse (19 février), la république française et le souverain pontife signaient le traité de Tolentino, en exécution duquel le saint-père cédait à la France Avignon et le comtat Venaissin, renonçait aux légations de Ferrare et de Bologne,