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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

idée, de ne vouloir être la femme de M. le duc d’Orléans qu’après l’avoir épousé.

M. de Noailles a fait depuis, sur la résistance de madame de Maintenon aux désirs de Louis XIV en pareille circonstance, un livre qui lui a ouvert les portes de l’Académie.

Voyez à quoi tient l’homogénéité des corps constitués. Si madame veuve Scarron n’avait pas été vierge à l’époque de son second mariage, ce qui était possible, M. de Noailles ne faisait pas son livre, et l’Académie, où le besoin de la présence de M. de Noailles se faisait sentir, restait incomplète et, par conséquent, dépareillée !

Cela ne faisait rien à M. de Noailles, qui restait toujours M. de Noailles.

Mais que devenait l’Académie ?

Revenons à M. le duc d’Orléans, à son mariage avec madame de Montesson et au récit de Soulavie que nous reproduisons textuellement.

« La cour et la capitale étaient instruites des tourments du duc d’Orléans et des rigueurs de madame de Montesson.

» Ce prince, conduit par l’amour, ne voyait jamais ni le roi ni le duc de Choiseul, qu’il ne renouvelât la demande d’épouser madame de Montesson.

» Mais le roi s’était fait une règle de politique qui fut suivie pendant tout son règne, et qui ne permettait pas de légitimer ses enfants naturels, ni ceux des princes.

» Par les mêmes principes, il refusait à la noblesse du royaume la permission de contracter des mariages avec les princes du sang.

» Les débats interminables, entre les princes légitimes et les princes légitimés par Louis XIV, les intrigues dangereuses de M. du Maine et de madame de Maintenon, étaient les derniers exemples qu’on citât, pour motiver les refus dont le roi et ses ministres accablaient M. le duc d’Orléans. Le sang royal de la maison de Bourbon étant encore réputé divin, son mélange paraissait un crime politique.

» Du côté de Henri IV, prince béarnais, la maison de Bourbon se trouvait alliée, dans le Midi, à plusieurs maisons d’une no-