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CHAPITRE XXVII.

LA FEMME D’ATHOS.


lettrine Il reste maintenant à savoir des nouvelles d’Athos, dit d’Artagnan au fringant Aramis quand il l’eut mis au courant de ce qui s’était passé dans la capitale depuis leur départ, et qu’un excellent dîner leur eut fait oublier à l’un sa thèse, à l’autre sa fatigue.

— Croyez-vous donc qu’il lui soit arrivé malheur ? demanda Aramis. Athos est si froid, si brave et manie si habilement son épée.

— Oui, sans doute, et personne ne reconnaît mieux que moi le courage et l’adresse d’Athos, mais j’aime mieux sur mon épée le choc des lances que celui des bâtons, je crains qu’Athos n’ait été étrillé par de la valetaille ; les valets sont gens qui frappent fort et ne finissent pas tôt. J’en sais quelque chose, j’ai débuté par là. Voilà pourquoi, je vous l’avoue, je voudrais repartir le plus tôt possible.

— Je tâcherai de vous accompagner, dit Aramis, quoique je ne me sente guère en état de monter à cheval. Hier, j’essayai de la discipline que vous voyez sur ce mur, et la douleur me força d’interrompre ce pieux exercice.

— C’est qu’aussi, mon cher ami, on n’a jamais vu essayer de guérir un coup d’escopette avec des coups de martinet ; mais vous étiez malade, et la maladie rend la tête faible, ce qui fait que je vous excuse.

— Et quand partez-vous ?

— Demain, au point du jour ; reposez-vous de votre mieux cette nuit, et demain, si vous le pouvez, nous partirons ensemble.

— À demain donc, dit Aramis, car tout de fer que vous êtes, vous devez avoir besoin de repos.

Le lendemain, lorsque d’Artagnan entra chez Aramis, il le trouva à sa fenêtre.

— Que regardez-vous donc là ? demanda d’Artagnan.