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suis reconnaissant ; vous ne vous trompiez pas, Messieurs, je suis bien le duc d’Anjou.

Vive Monseigneur ! s’écrièrent les officiers.


X

PAUL ÉMILE.


Toutes ces acclamations, bien que sincères, effarouchèrent le prince.

— Oh ! silence, silence. Messieurs, dit-il, ne soyez pas plus contents que moi, je vous prie, du bonheur qui m’arrive. Je suis enchanté de n’être pas mort, je vous prie de le croire, et cependant, si vous ne m’eussiez point reconnu, je ne me fusse pas le premier vanté d’être vivant.

— Quoi ! Monseigneur, dit Henri, vous m’aviez reconnu, vous vous retrouviez au milieu d’une troupe de Français, vous nous voyiez désespérés de votre perte, et vous nous laissiez dans cette douleur de vous avoir perdu !

— Messieurs, répondit le prince, outre une foule de raisons qui me faisaient désirer de garder l’incognito, j’avoue, puisqu’on me croyait mort, que je n’eusse point été fâché de cette occasion, qui ne se représentera probablement pas de mon vivant, de savoir un peu quelle oraison funèbre on prononcera sur ma tombe.

— Monseigneur ! Monseigneur !

— Non, vraiment, reprit le duc, je suis un homme comme