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de vue, et venez nous rejoindre aussitôt que nous serons installés dans le village.

— Mais si nous abandonnons le bateau et qu’on nous le reprenne ?

— Vous trouverez à cent pas du village un poste de dix hommes, à qui vous le remettrez.

— C’est bien, dit l’officier de marine.

Et d’un vigoureux coup d’aviron, il s’éloigna du rivage.

— C’est singulier, dit Henri en se remettant en marche, voici une voix que je connais.

Une heure après, il trouva le village gardé par le détachement d’Espagnols dont avait parlé l’officier : surpris au moment où ils s’y attendaient le moins, ils firent à peine résistance. Henri fit désarmer les prisonniers, les enferma dans la maison la plus forte du village, et mit un poste de dix hommes pour les garder ; un autre poste de dix hommes fut envoyé pour garder le bateau ; dix autres hommes furent dispersés en sentinelles sur divers points avec promesse d’être relevés au bout d’une heure. Henri décida ensuite que l’on souperait vingt par vingt, dans la maison en face de celle où étaient enfermés les prisonniers espagnols. Le souper des cinquante ou soixante premiers était prêt ; c’était celui du poste qu’on venait d’enlever.

Henri choisit, au premier étage, une chambre pour Diane et pour Remy, qu’il ne voulait point faire souper avec tout le monde. Il fit placer à table l’enseigne avec dix-sept hommes, en le chargeant d’inviter à souper avec lui les deux officiers de marine, gardiens du bateau.

Puis il s’en alla, avant de se mettre à table lui-même, visiter ses gens dans leurs diverses positions.

Au bout d’une demi-heure, Henri rentra. Cette demi-heure lui avait suffi pour assurer le logement et la nourriture de tous ses gens, et pour donner les ordres nécessaires en cas de surprise des Hollandais. Les officiers, malgré son invitation de ne point s’inquiéter de lui, l’avaient attendu