— Puis-je vous demander où vous allez ? fit celui des deux officiers de marine qui n’avait point encore parlé.
— Monsieur, nos ordres sont de pousser jusqu’à Rupelmonde.
— Prenez garde, reprit le même interlocuteur, nous n’avons pas traversé le fleuve plus tôt, parce que, ce matin, un détachement d’Espagnols a passé venant d’Anvers ; au coucher du soleil, nous avons cru pouvoir nous risquer ; deux hommes n’inspirent pas d’inquiétude, mais vous, toute une troupe…
— C’est vrai, dit l’enseigne, je vais appeler notre chef.
Il appela Henri, qui s’approcha en demandant ce qu’il y avait.
— Il y a, répondit l’enseigne, que ces Messieurs ont rencontré ce matin un détachement d’Espagnols qui suivaient le même chemin que nous.
— Et combien étaient-ils ? demanda Henri.
— Une cinquantaine d’hommes.
— Eh bien ! et c’est cela qui vous arrête ?
— Non, monsieur le comte ; mais cependant, je crois qu’il serait prudent de nous assurer du bateau, à tout hasard ; vingt hommes peuvent y tenir, et s’il y avait urgence de traverser le fleuve, en cinq voyages et en tirant nos chevaux par la bride, l’opération serait terminée.
— C’est bien, dit Henri, qu’on garde le bateau ; il doit y avoir des maisons à l’embranchement du Rupel et de l’Escaut.
— Il y a un village, dit une voix.
— Allons-y ; c’est une bonne position que l’angle formé par la jonction de deux rivières. Gendarmes, en marche ! Que deux hommes descendent le fleuve avec le bateau, tandis que nous le côtoierons.
— Nous allons diriger le bateau, dit l’un des deux officiers, si vous le voulez bien.
— Soit, Messieurs, dit Henri ; mais ne nous perdez point