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— Je le sais, et j’ai déjà pensé au moyen de nous en procurer.

— Et l’avez-vous trouvé ?

— Je pense que oui.

— Lequel ?

— Je ne puis bouger d’ici avant d’avoir reçu des nouvelles de l’armée, attendu que la position est bonne et que je la défendrais contre des forces quintuples ; mais je puis envoyer à la découverte un corps d’éclaireurs ; ils trouveront des nouvelles d’abord, ce qui est la vie véritable de gens réduits à la situation où nous sommes ; des vivres ensuite, car, en vérité, cette Flandre est un beau pays.

— Pas trop, mon frère, pas trop.

— Oh ! je ne parle que de la terre telle que Dieu l’a faite, et non des hommes, qui éternellement gâtent l’œuvre de Dieu. Comprenez-vous, Henri, quelle folie ce prince a faite, quelle partie il a perdue, comme l’orgueil et la précipitation l’ont ruiné vite, ce malheureux François ! Dieu a son âme, n’en parlons plus ; mais, en vérité, il pouvait s’acquérir une gloire immortelle et l’un des beaux royaumes de l’Europe, tandis qu’il a fait les affaires de qui ?… de Guillaume le Sournois. Au reste, savez-vous, Henri, que les Anversois se sont bien battus ?

— Et vous aussi, à ce qu’on dit, mon frère.

— Oui, j’étais dans un de mes bons jours, et puis il y a une chose qui m’a excité.

— Laquelle ?

— C’est que j’ai rencontré sur le champ de bataille une épée de ma connaissance.

— Un Français ?

— Un Français.

— Dans les rangs des Flamands ?

— À leur tête. Henri, voilà un secret qu’il faut savoir pour donner un pendant à l’écartèlement de Salcède en place de Grève.