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pour moi, Remy ; vous savez que ma pensée, à moi, n’est pas sur cette terre.

— Alors, Madame, répondit le serviteur, demeurons ici, si vous m’en croyez : j’y vois beaucoup de maisons qui peuvent offrir un abri sûr ; j’ai des armes, nous nous défendrons ou nous nous cacherons, selon que j’estimerai que nous serons assez forts ou trop faibles.

— Non, Remy, non, je dois aller en avant, rien ne m’arrêtera, répondit la dame en secouant la tête ; je ne concevrais de craintes que pour vous, si j’avais des craintes.

— Alors, fit Remy, marchons.

Et il poussa son cheval sans ajouter une parole. La dame inconnue le suivit, et Henri du Bouchage, qui s’était arrêté en même temps qu’eux, se remit en marche avec eux.


V

L’EAU.


Au fur et à mesure que les voyageurs avançaient, le pays prenait un aspect étrange.

Il semblait que les campagnes fussent désertées comme les bourgs et les villages.

En effet, nulle part les vaches paissant dans les prairies, nulle part la chèvre se suspendant aux flancs de la montagne, ou se dressant le long des haies pour atteindre les bourgeons verts des ronces et des vignes vierges, nulle part