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— Vous avez donc entendu quelque chose ?

— Oui, comme le pas d’un cheval. Il est vrai que je crois m’être trompé ; mais, en tout cas, je reste un instant en arrière pour m’assurer de la réalité ou de la fausseté de mes doutes.

La dame, sans répliquer, sans essayer de détourner Remy de son intention, toucha les flancs de son cheval, qui pénétra dans la ruelle longue et tortueuse.

Remy la laissa passer devant, mit pied à terre et lâcha la bride à son cheval, qui suivit naturellement celui de sa compagne.

Quant à lui, courbé derrière une borne gigantesque, il attendit.

La dame heurta au seuil de l’hôtellerie, derrière la porte de laquelle, suivant la coutume hospitalière des Flandres, veillait ou plutôt dormait une servante aux larges épaules et aux bras robustes.

La fille avait déjà entendu le pas du cheval claquer sur le pavé de la ruelle, et, réveillée sans humeur, elle vint ouvrir la porte et recevoir dans ses bras le voyageur ou plutôt la voyageuse.

Puis elle ouvrit aux deux chevaux la large porte cintrée, dans laquelle ils se précipitèrent en reconnaissant une écurie.

— J’attends mon compagnon, dit la dame, laissez-moi m’asseoir près du feu en l’attendant : je ne me coucherai point qu’il ne soit arrivé.

La servante jeta de la paille aux chevaux, referma la porte de l’écurie, rentra dans la cuisine, approcha un escabeau du feu, moucha avec ses doigts la massive chandelle, et se rendormit.

Pendant ce temps, Remy, qui s’était placé en embuscade, guettait le passage du voyageur dont il avait entendu galoper le cheval.

Il le vit entrer dans le bourg, marcher au pas en prêtant