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arbres, abandonnés, désolés, frappés d’un sinistre pressentiment.

Après eux restèrent les cavaliers démontés, ceux dont les chevaux ne pouvaient plus se traîner ou qui s’étaient blessés en marchant.

À peine, autour du duc d’Anjou, restait-il trois mille hommes valides et en état de combattre.


III

LES VOYAGEURS.


Tandis que ce désastre s’accomplissait, précurseur d’un désastre plus grand encore, deux voyageurs, montés sur d’excellents chevaux du Perche, sortaient de la porte de Bruxelles pendant une nuit fraîche, et poussaient en avant dans la direction de Malines.

Ils marchaient côte à côte, les manteaux en trousse, sans armes apparentes, à part toutefois un large couteau flamand, dont on voyait briller la poignée de cuivre à la ceinture de l’un d’eux.

Ces voyageurs cheminaient de front, chacun suivant sa pensée, peut-être la même, sans échanger une seule parole.

Ils avaient la tournure et le costume de ces forains picards qui faisaient alors un commerce assidu entre le royaume de France et les Flandres, sorte de commis voyageurs, précurseurs et naïfs, qui, à cette époque, faisaient