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Avec la dernière syllabe de ce nom, François d’Anjou rendit le dernier soupir.

En ce moment même, par une coïncidence étrange, le soleil, qui dorait l’écusson de France et les fleurs de lis d’or, disparut ; de sorte que ces fleurs de lis, si brillantes il n’y avait qu’un instant, devinrent aussi sombres que l’azur qu’elles étoffaient naguère d’une constellation presque aussi resplendissante que celle que l’œil du rêveur va chercher au ciel.

Catherine laissa tomber la main de son fils.

Henri III frissonna et s’appuya tremblant sur l’épaule de Chicot, qui frissonnait aussi, mais à cause du respect que tout chrétien doit aux morts.

Miron approcha une patène d’or des lèvres de François, et, après trois secondes, l’ayant examinée :

— Monseigneur est mort, dit-il.

Sur quoi un long gémissement s’éleva des antichambres, comme accompagnement du psaume que murmurait le cardinal :

Cedant iniquitates meæ ad vocem deprecationis meæ.

— Mort ! répéta le roi en se signant du fond de son fauteuil ; mon frère, mon frère !

— L’unique héritier du trône de France, murmura Catherine, qui, abandonnant la ruelle du mort, était déjà revenue près du seul fils qui lui restait.

— Oh ! dit Henri, ce trône de France est bien large pour un roi sans postérité ; la couronne est bien large pour une tête seule… Pas d’enfants, pas d’héritiers !… qui me succédera ?

Comme il achevait ces paroles, un grand bruit retentit dans l’escalier et dans les salles.

Nambu se précipita vers la chambre mortuaire, en annonçant :