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— Madame, dit-il, le roi sait que vous devez admettre ou que vous avez admis au nombre de vos pensionnaires une personne à qui je dois parler. Veuillez me mettre en rapport avec cette personne.

— Monsieur, le nom de cette dame, s’il vous plaît ?

— Je l’ignore, Madame.

— Alors, comment pourrai-je accéder à votre demande ?

— Rien de plus aisé. Qui avez-vous admis depuis un mois ?

— Vous me désignez trop positivement ou trop peu cette personne, dit la supérieure, et je ne pourrais me rendre à votre désir.

— Pourquoi ?

— Parce que, depuis un mois, je n’ai reçu personne, si ce n’est ce matin.

— Ce matin ?

— Oui, monsieur le duc, et vous comprenez que votre arrivée, deux heures après la sienne, ressemble trop à une poursuite pour que je vous accorde la permission de lui parler.

— Madame, je vous en prie.

— Impossible, Monsieur.

— Montrez-moi seulement cette dame.

— Impossible, vous dis-je… D’ailleurs, votre nom a suffi pour vous ouvrir la porte de ma maison ; mais, pour parler à quelqu’un ici, excepté à moi, il faut un ordre écrit du roi.

— Voici cet ordre, Madame, répondit Joyeuse en exhibant la lettre que Henri lui avait signée.

La supérieure lut et s’inclina.

— Que la volonté de Sa Majesté soit faite, dit-elle, même quand elle contrarie la volonté de Dieu.

Et elle se dirigea vers la cour du couvent.

— Maintenant, Madame, fit Joyeuse en l’arrêtant avec politesse, vous voyez que j’ai le droit ; mais je crains l’abus et