Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 3.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

très-rigide, très-sévère, composée de vingt dames chanoinesses de Saint-Joseph.

— Y fait-on des vœux ?

— Oui, par faveur, et sur la présentation de la reine.

— Est-ce une indiscrétion que de vous demander où est située cette communauté, sire ?

— Non pas : elle est située rue du Chevet-Saint-Landry, dans la Cité, derrière le cloître Notre-Dame.

— À Paris ?

— À Paris.

— Merci, sire !

— Mais pourquoi diable me demandes-tu cela ? Est-ce que ton frère aurait changé d’avis, et qu’au lieu de se faire capucin, il voudrait se faire hospitalière maintenant ?

— Non, sire, je ne le trouverais pas si fou, d’après ce que Votre Majesté me fait l’honneur de me dire ; mais je le soupçonne d’avoir eu la tête montée par quelqu’un de cette communauté ; je voudrais, en conséquence, découvrir ce quelqu’un et lui parler.

— Par la mordieu ! dit le roi d’un air fat, j’y ai connu, voilà bientôt sept ans, une supérieure qui était fort belle.

— Eh bien ! sire, c’est peut-être encore la même.

— Je ne sais pas ; depuis ce temps, moi aussi, Joyeuse, je suis entré en religion ou à peu près.

— Sire, dit Joyeuse, donnez-moi à tout hasard, je vous prie, une lettre pour cette supérieure, et mon congé pour deux jours.

— Tu me quittes ? s’écria le roi, tu me laisses tout seul ici ?

— Ingrat ! fit Chicot en haussant les épaules, est-ce que ne suis pas là, moi ?

— Ma lettre, sire, s’il vous plaît, dit Joyeuse.

Le roi soupira, et cependant il écrivit.

— Mais tu n’as que faire à Paris ? dit Henri en remettant la lettre à Joyeuse.