Joyeuse regarda le visage de son frère ; il le regarda en homme attendri qui compte sur son attendrissement pour décider la persuasion dans autrui.
Mais Henri demeura inébranlable à cet attendrissement, et répondit par son triste et éternel sourire.
Joyeuse embrassa son frère et le laissa partir.
— Va, se dit-il à lui-même, tout n’est point fini encore, et, si pressé que tu sois, je t’aurai bientôt rattrapé.
Il alla trouver le roi, qui déjeunait dans son lit, ayant Chicot à ses côtés.
— Bonjour ! bonjour ! dit Henri à Joyeuse, je suis bien aise de te voir, Anne ; je craignais que tu ne restasses couché toute la journée, paresseux ! Comment va mon frère ?
— Hélas ! sire, je n’en sais rien, je viens vous parler du mien.
— Duquel ?
— De Henri.
— Veut-il toujours se faire moine ?
— Plus que jamais.
— Il prend l’habit ?
— Oui, sire.
— Il a raison, mon fils.
— Comment, sire ?
— Oui, l’on va vite au ciel par ce chemin.
— Oh ! dit Chicot au roi, on y va bien plus vite encore par le chemin que prend ton frère.
— Sire, Votre Majesté veut-elle me permettre une question ?
— Vingt, Joyeuse, vingt ! Je m’ennuie fort à Château-Thierry, et tes questions me distrairont un peu.
— Sire, vous connaissez toutes les religions du royaume ?
— Comme le blason, mon cher.
— Qu’est-ce que les hospitalières, s’il vous plaît ?
— C’est une toute petite communauté très-distinguée,