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Au moment où les premiers gardes touchaient la charmille, un cri déchirant et lugubre perça les airs.

— Qu’est cela ? fit le roi se tournant vers sa mère.

— Mon Dieu ! murmura Catherine essayant de lire sur tous les visages, c’est un cri de détresse ou de désespoir.

— Mon prince ! mon pauvre duc ! s’écria l’autre vieux serviteur de François en paraissant à une fenêtre avec les signes de la plus violente douleur.

Tous coururent vers le pavillon, le roi entraîné par les autres.

Il arriva au moment où l’on relevait le corps du duc d’Anjou, que son valet de chambre, entré sans ordre, pour annoncer l’arrivée du roi, venait d’apercevoir gisant sur le tapis de sa chambre à coucher.

Le prince était froid, roide, et ne donnait aucun signe d’existence qu’un mouvement étrange des paupières et une contraction grimaçante des lèvres.

Le roi s’arrêta sur le seuil de la porte, et tout le monde derrière lui.

— Voilà un vilain pronostic ! murmura-t-il.

— Retirez-vous, mon fils, lui dit Catherine, je vous prie.

— Ce pauvre François ! dit Henri, heureux d’être congédié et d’éviter ainsi le spectacle de cette agonie.

Toute la foule s’écoula sur les traces du roi.

— Étrange ! étrange ! murmura Catherine agenouillée près du prince ou plutôt du cadavre, sans autre compagnie que celle des deux vieux serviteurs ; et, tandis qu’on courait toute la ville pour trouver le médecin du prince et qu’un courrier partait pour Paris afin de hâter la venue des médecins du roi restés à Meaux avec la reine, elle examinait, avec moins de science sans doute, mais non moins de perspicacité que Miron lui-même aurait pu le faire, les diagnostics de cette étrange maladie à laquelle succombait son fils.

Elle avait de l’expérience, la Florentine ; aussi, avant toute chose, elle questionna froidement, et sans les embar-